Nous nous impliquons - au-delà de toutes les frontières ! Littérature et engagement à la lumière de l'histoire franco-allemande.

En intervenant, en prenant la parole, en parlant franchement, en cherchant le changement et en ayant le désir d'agir politiquement, les individus peuvent atteindre la solidarité avec d'autres personnes partageant les mêmes idées : "Je proteste, donc nous sommes", comme l'a déjà déclaré Albert Camus dans son essai L'homme revolté / L'homme en révolte. "L'intervention est souhaitée", c'est également le cas pour ses collègues allemands lauréats du prix Nobel de littérature, Heinrich Böll et Günter Grass. Car l'intervention et l'indignation sont des techniques culturelles transnationales, des actes d'expression individuelle ou collective (de mécontentement) ayant pour but de créer quelque chose de nouveau. En particulier, les diverses formes d'intervention linguistique jouent un rôle prépondérant dans ce contexte, notamment en tant que moteur de la production littéraire et en tant qu'expression de la résistance aux injustices sociales et aux problèmes transfrontaliers, tant sur la grande scène que dans la vie quotidienne, tant dans la littérature mondiale que dans les pamphlets politiques.

La Günter Grass Stiftung Bremen se voit non seulement comme la gardienne de l'héritage littéraire de Günter Grass, mais aussi comme un lieu de rencontre et de dialogue qui perpétue les traditions et l'engagement critique que Grass cultivait dans ses œuvres. Dans ce sens, l'archive multimédia, avec le soutien de son partenaire NetAlive, mène des projets qui traitent des thèmes de Grass tels que la culture de la mémoire, le rôle de l'individu dans l'histoire et l'importance de l'art et de la littérature pour la société. Un exemple en est la plateforme littéraire avec son canal YouTube associé "Literatur erleben," qui atteint plus de 100 000 spectateurs sur YouTube uniquement.

Le lauréat du prix Nobel de littérature, Günter Grass (1927-2015), devenu mondialement célèbre avec son premier roman, Le Tambour (1959), a façonné de manière significative l'ère d'après-guerre dans ses divers rôles en tant qu'artiste et citoyen, et a toujours réfléchi sur la relation complexe entre l'Allemagne et la France. Après tout, c'était la capitale française, Paris, où Grass trouva refuge créatif à la fin des années 1950. Là-bas, le jeune auteur écrivit son premier roman dans la salle de chauffage de l'appartement familial au 111 Avenue d'Italie. Seule la métropole française lui offrait la distance nécessaire par rapport à l'Allemagne pour traiter en continu les pensées et les sentiments pesants concernant sa patrie et son passé de manière littéraire.

Depuis lors, dans de nouvelles tentatives constantes - tant dans ses œuvres poétiques que dans ses essais - Grass a exploré les chemins complexes de l'histoire et de l'identité allemandes, et ces chemins se croisent constamment avec ceux de l'histoire et de la culture françaises. Grâce à ses connaissances littéraires et philosophiques, qui ont été façonnées non seulement par des modèles français, à sa participation aux débats intellectuels contemporains - il a été particulièrement influencé par le conflit décisif entre Albert Camus et Jean-Paul Sartre - et à sa proximité avec des écrivains vivant en France, Grass a favorisé un échange équitable et une compréhension mutuelle entre les deux nations. En tant que rouleur infatigable de pierres de la tribu de Sisyphe, il a su comment traiter la confrontation nécessaire avec les guerres mondiales, partagées par les deux pays, avec ses talents de manière à ce que les œuvres d'art qui en résultaient puissent non seulement servir d'avertissement, mais aussi de pont vers la réconciliation. L'amitié franco-allemande a toujours trouvé en Grass un chroniqueur critique mais optimiste, dont l'héritage littéraire et politique peut également être lu comme un plaidoyer en faveur d'une Europe unie et pacifique. En témoignent son dialogue avec la journaliste Françoise Giroud "Wenn wir von Europa sprechen" (Quand nous parlons de l'Europe) publié en 1989 et sa conversation avec le sociologue Pierre Bordieu "Von unten gesehen" (Vu d'en bas) de 1999.

Dans le cadre de l'événement à EuropaPunktBremen, des lectures mettant l'accent sur le thème de l'Europe issues de "Die Blechtrommel" (Le Tambour) de Günter Grass et de "Der Europäische Landbote" (Le Messager européen) de Robert Menasse auront lieu, ainsi que des lectures de son essai inédit "Die Welt von morgen" (Le Monde de demain). Réjouissez-vous des participants au panel:

Helga Trüpel, née en 1958 à Moers, a étudié et obtenu un doctorat à l'Université de Brême, membre de Die Grünen (aujourd'hui Bündnis 90/Die Grünen) depuis 1980, ancienne membre du Parlement de la Ville de Brême, sénatrice de la Culture et de l'Intégration des étrangers de la Ville libre de Brême de 1991 à 1995, membre du Parlement européen de 2004 à 2019 (10 ans en tant que vice-présidente de la commission de la Culture et de l'Éducation), actuellement présidente de la commission de la Culture de la Commission de l'UNESCO ; Première Présidente du Comité d'État de l'Union européenne Brême, Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne (2021).

Robert Menasse, né en 1954 à Vienne et ayant grandi là-bas. Il a étudié la littérature allemande, la philosophie et la science politique à Vienne, Salzbourg et Messine, et a obtenu son doctorat en 1980. Menasse a ensuite enseigné, d'abord en tant que lecteur en littérature autrichienne, puis en tant que chargé de cours invité à l'Institut de théorie littéraire de l'Université de São Paulo. Là-bas, il a principalement dispensé des cours sur les théories philosophiques et esthétiques. Depuis son retour du Brésil en 1988, il vit principalement à Vienne en tant qu'écrivain et critique culturel. Ses publications récentes incluent "Der europäische Landbote" (Le Messager européen, 2012), "Die Hauptstadt" (La Capitale, 2017), "Die Erweiterung" (L'Expansion, 2022). Ses récompenses récentes incluent le Prix du Livre allemand (2017), le Prix littéraire des lycées français d'Europe (2019), le Prix Bruno Kreisky pour le Livre politique (2022), et le Prix du Livre européen (2023).

Dieter Stolz (Modérateur), né en 1960 à Münster, vit en tant que rédacteur indépendant, chargé de cours universitaire et auteur à Berlin. Il a étudié l'allemand, l'histoire, la pédagogie et la philosophie. Après avoir obtenu son premier diplôme d'État à WWU, il a obtenu son doctorat à TU Berlin. Il a travaillé en tant qu'assistant de recherche, rédacteur en chef de la revue "Sprache im technischen Zeitalter" (Langue à l'ère technologique), directeur de programme au LCB (Literaturhaus Berlin), a publié des livres et des essais sur la littérature contemporaine, a obtenu des postes de chargé de cours invité dans des universités en Allemagne et à l'étranger, a travaillé en tant qu'éditeur de Grass pour le Steidl Verlag, a co-édité et commenté les œuvres complètes actuelles de Günter Grass en 24 volumes, et est professeur honoraire pour la "Littérature allemande moderne" à l'Université de Lübeck depuis 2013. Depuis juillet 2023, il est directeur académique de la Günter Grass Foundation Bremen.